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Joël Vidis

Joël Vidis

"Un hectare de safran représente entre 1400 et 1500 heures de travail"

 

Joël Vidis est agriculteur à la Basse-Tivinière à Neuvy-le-Roi. Blé, orge et colza forment son quotidien jusqu'en 2009 où il découvre et se forme à la culture du safran. Un an après et accompagné de son épouse, ils plantent ensemble les premiers bulbes de ce Crocus Sativus au pied de leur maison et proposent à la vente filaments et produits transformés comme le sirop, les confitures et gelées, les pâtes de fruits et les paniers garnis.

 

En quoi consiste la culture du safran ?

 

Il faut planter les bulbes et entretenir le terrain. La végétation du safran démarre quand le sol atteint une température de 14°C, avant il n'y a rien. La cueillette des fleurs s'effectue en septembre, octobre, voire novembre. Dans la foulée, il y a l'émondage qui consiste à retirer le pistil de la fleur, pistil que l'on sèche avec un déshydrateur pour pouvoir le conserver. Les filaments sont stockés dans des boites en bois durant de 2 à 3 mois de façon à ce qu'ils développent leur parfum. Nous en conditionnons une partie et au cours de l'année suivante nous développons nos confitures avec des produits locaux comme le melon, la groseille, le cassis ou les pommes.

 

Cette culture demande donc beaucoup de rigueur...

 

Oui, et de la patience. Il faut savoir qu'un hectare de safran représente entre 1400 et 1500 heures de travail, sachant que la plus grande partie est effectuée pendant la cueillette. Ici, nous avons 1700 m². Une année, nous avons eu 25 000 fleurs dans la même journée !

 

Pourquoi le safran pousse-t-il en Touraine ?

 

Ce n'est pas une plante de pays chaud comme beaucoup se l'imaginent. Elle peut y être cultivée mais généralement en altitude, comme en Espagne ou au Maroc. Pourquoi en trouve-t-on en France ? Au Moyen-Age il y avait 1500 hectares de cette culture dans le Gâtinais. Aujourd'hui il n'y en a que très peu. Ici, l'association des Safraniers de Touraine dont nous faisons partie a permis de remettre la culture du safran au goût du jour. Sans eux, nous n'y serions probablement pas arrivés.

 

Vous ouvrez vos portes aux visiteurs pendant la récolte du mois d'octobre. Quelle importance y accordez-vous ?

 

Oui, les portes ouvertes de notre safranière se déroulent pendant un week-end d'octobre. Nous proposons des ateliers cueillette, émondage, séchage, où les gens peuvent participer. Il y a possibilité de déguster une paëlla préparée sur place le dimanche. Nous avons un public qui est à la recherche de produits nouveaux et qui souhaite réapprendre à cuisiner. Ce contact est important pour présenter une culture que l'on connaît mal.

 

Quelle est votre recette préférée à base de safran ?

 

J'aime tout, le riz safrané est particulièrement excellent !

 

Si je vous dis "Terroir" ?

 

Le Chinon !

 

Si je vous dis "Touraine" ?

 

La limite de la Sarthe et de l'Indre-et-Loire. Vers la Chartre-sur-le-Loir, le Château-du-Loir...